Une récente découverte suscite l’indignation au Cameroun : le cabinet du Premier Ministre serait entièrement meublé avec du mobilier importé, au détriment de la production locale. Cette révélation intervient peu après le Salon International de l’Artisanat du Cameroun (SIARC), où le chef du gouvernement n’avait pas tari d’éloges sur le savoir-faire national.
“Comment peut-on vanter l’artisanat camerounais d’un côté et ignorer nos menuisiers de l’autre ?” s’interroge Jean Fouda, menuisier à Yaoundé. Cette contradiction flagrante entre les discours et les actes soulève de nombreuses questions sur l’engagement réel du gouvernement envers le développement de l’industrie locale.
Les raisons de ce choix restent floues. Certains évoquent une perception erronée de la qualité, d’autres pointent du doigt des habitudes d’achat ancrées ou l’influence de lobbies favorables à l’importation. Quelles qu’en soient les causes, les conséquences sont bien réelles pour les artisans locaux.
“Nous payons nos impôts, et cet argent sert à acheter des meubles étrangers. C’est un comble !” déplore Jean Fouda, menuisier à Yaoundé. Cette situation ne fait pas qu’affecter les revenus des artisans, elle entrave également le développement de tout un secteur et l’amélioration des compétences locales.
Le choix du mobilier importé envoie un message négatif au reste de la société. “Si même nos dirigeants ne font pas confiance à la production locale, comment convaincre les entreprises et les particuliers de le faire ?” s’interroge un économiste enseignant à l’Université de Yaoundé.
Pourtant, les avantages de privilégier l’artisanat local sont nombreux : création d’emplois, préservation des savoir-faire traditionnels, réduction de la dépendance aux importations, et stimulation de l’innovation locale. “Nous sommes capables de produire du mobilier de grande qualité, adapté aux besoins spécifiques de nos institutions”, affirme Paul Mbarga, designer de meubles dans la capitale.
Face à cette polémique, le PM que nous avons saisi par courrier reste muet. Les citoyens et les artisans attendent des explications, mais surtout des actions concrètes. Un changement de cap dans les pratiques d’achat des institutions publiques pourrait avoir un impact significatif sur l’ensemble de l’économie camerounaise.
En ces temps où le “consommer local” est plus que jamais d’actualité, il est peut-être temps que le Cameroun commence par ses propres bureaux gouvernementaux pour montrer l’exemple. L’avenir de l’artisanat camerounais pourrait bien dépendre de telles décisions.
Armand Ougock, 691154277