Le président de la République du Cameroun, Paul Biya, a effectué son retour dans la capitale camerounaise ce mardi, après un court séjour privé en Europe. À quelques jours seulement de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre, son arrivée à l’aéroport international de Nsimalen a donné lieu à une mobilisation importante des militants et sympathisants du Rdpc. L’on a pu apercevoir de nombreux autres sans tenue du Rdpc saluer le couple présidentiel à son passage.
Accompagné de la Première dame, le chef de l’État a été accueilli au bas de la passerelle par le Premier ministre Joseph Dion Ngute et le ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh.
Ce retour, qualifié de « décisif » par certains observateurs, intervient dans un contexte électoral particulièrement tendu. La campagne électorale, officiellement lancée le 27 septembre 2025, s’annonce comme l’une des plus déterminantes de l’histoire politique récente du Cameroun.
Bien que présenté comme un déplacement privé, le séjour du président Biya en Suisse aurait comporté une dimension diplomatique importante. Selon des sources proches du dossier, le chef de l’État aurait multiplié les rencontres en perspective du scrutin du 12 octobre. Il aurait notamment séjourné à l’hôtel Intercontinental de Genève, où sa fille, influenceuse sur les réseaux sociaux, disposerait d’une suite permanente.
Cette visite européenne aurait également permis de gérer certaines questions familiales délicates, notamment après que sa fille eut appelé sur TikTok à voter contre son père, nécessitant ainsi une mise au point familiale.
Campagne électorale atypique
À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, reste le plus vieux dirigeant élu de la planète. Sa stratégie de campagne demeure inhabituelle : lors de sa dernière réélection en 2018, il avait tenu un seul meeting public à Maroua (Extreme-Nord). Cette fois-ci, la situation semble différente, avec une mobilisation accrue de la technostructure du RDPC pour impulser une dynamique nouvelle à sa campagne.
L’opposition, quant à elle, se cristallise autour d’Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba Maigari ou encore Cabral Libii qui incarnent l’espoir d’un changement pour une partie de la population camerounaise.
Inquiétudes
Au-delà de l’effervescence de la campagne, des préoccupations émergent quant à la stabilité du pays après l’annonce des résultats. Certaines sources évoquent la possibilité d’une intervention militaire en cas de contestation des résultats, un scénario rappelant les récents bouleversements politiques survenus dans d’autres pays de la région.
Les enjeux géopolitiques sont également au cœur des préoccupations. Alors que la France voit son influence diminuer face à la présence grandissante de la Chine, la position de Paris reste scrutée avec attention. L’attitude de l’Élysée dans ce contexte électoral pourrait s’avérer déterminante pour l’avenir des relations franco-camerounaises.
Opinion publique en quête de changement
Au sein de l’opinion camerounaise, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un renouvellement générationnel à la tête de l’État. Après plus de quatre décennies de pouvoir, l’ère Biya semble arriver à un tournant historique. La jeunesse camerounaise, en particulier, aspire à un changement qui reflèterait mieux les aspirations d’une société en pleine mutation.
Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir politique du Cameroun. Entre la volonté de continuité portée par le Rdpc et les aspirations au changement incarné par l’opposition, l’élection du 12 octobre 2025 s’annonce comme un moment charnière dans l’histoire du pays.
Aukmer

