Les travaux d’entretien de la route Malimba-Malbengue, un tronçon de 5 kilomètres pourtant vital pour le désenclavement de cette zone de la Sanaga Maritime, traversent une crise importante qui soulève de nombreuses interrogations sur la gestion des projets routiers au Cameroun. Avec seulement 45% d’avancement physique et un budget de 67 084 575 FCFA, ce chantier illustre parfaitement les défis auxquels font face les entreprises locales du BTP dans l’exécution des marchés publics.
Un cocktail de difficultés paralysant
L’entreprise STE KJ BTP SARL, attributaire du marché, se trouve confrontée à une situation particulièrement complexe. Les conditions climatiques défavorables, avec 2 à 3 jours de pluie par semaine, ont considérablement perturbé le calendrier d’exécution. Cette pluviométrie exceptionnelle, combinée à une mobilisation insuffisante d’engins sur le terrain, a créé un cercle vicieux qui compromet l’avancement du projet.
La visite de contrôle effectuée le 5 mai 2025 par les services du Ministère des Travaux Publics a révélé l’ampleur des dysfonctionnements. Contrairement à la première phase des travaux, qui concernait les buses et dalots en béton et qui a été menée conformément aux spécifications, la phase 2 accumule les retards et les malfaçons. Le manque de personnel et de matériel sur le chantier, l’absence de panneaux de signalisation réglementaires, un piquetage défaillant et la rareté de la latérite constituent autant d’obstacles qui entravent la progression des travaux.
Des problèmes structurels profonds
Au-delà des difficultés techniques, ce sont des problèmes structurels qui minent le projet. L’entreprise STE KJ BTP SARL pointe du doigt l’absence de dossier d’agrément pour les emprunts, un élément administratif crucial qui bloque l’approvisionnement en matériaux. Plus préoccupant encore, les problèmes de trésorerie liés aux retards de paiement de l’État fragilisent considérablement la capacité d’intervention de l’entreprise.
Ces difficultés financières expliquent en grande partie la mauvaise gestion des matériaux observée sur le terrain et l’insuffisance des moyens humains et techniques déployés. Cette situation illustre un problème récurrent dans le secteur du BTP camerounais, où les entreprises locales peinent souvent à faire face aux exigences de préfinancement des marchés publics.
Recommandations pour sauver le projet
Face à cette situation critique, les services de la Délégation départementale des Travaux Publics de la Sanaga Maritime ont formulé des recommandations strictes. La transmission des documents incomplets relatifs au respect des normes de compactage constitue une priorité absolue. L’interdiction formelle de travailler sous la pluie, mesure élémentaire de sécurité et de qualité, doit être scrupuleusement respectée.
Le contrôle du 17 mai 2025 a également mis en évidence la nécessité d’apporter des corrections partielles urgentes. L’étalage de la latérite sans compactage, à l’origine des bourbiers qui paralysent actuellement la circulation, doit être corrigé en priorité. Le dégagement des matériaux non compactés pour rétablir l’accès au site s’impose comme une mesure d’urgence.
Au-delà des aspects techniques, ce projet revêt une importance capitale pour le développement de la zone. La route Malimba-Malbengue constitue un axe stratégique pour l’économie locale, facilitant les échanges commerciaux et l’accès aux services de base pour les populations. Son état de dégradation actuel pénalise directement les activités économiques et isole davantage cette région.
Le renforcement du suivi par l’équipe-projet et l’observation de mesures précises tenant compte des contraintes pluviométriques apparaissent désormais comme des impératifs pour mener à terme ce chantier. La réussite de ce projet dépendra de la capacité des différents acteurs à coordonner leurs efforts et à résoudre rapidement les problèmes identifiés.
Cette situation soulève également des questions plus larges sur les modalités d’attribution et de suivi des marchés publics, ainsi que sur l’accompagnement des entreprises locales dans l’exécution de projets d’envergure. L’issue de ce chantier pourrait servir de test pour l’amélioration des pratiques dans le secteur des travaux publics au Cameroun.
Aukmer