Dans un contexte économique et social tendu, le Cameroun fait face à un phénomène inquiétant : une émigration massive de ses citoyens, en particulier de ses travailleurs qualifiés. Cette tendance, qui s’accentue d’année en année, soulève de sérieuses préoccupations quant à l’avenir économique du pays.
Selon les dernières données, environ 6 000 Camerounais ont quitté le pays pour s’installer au Canada entre janvier et avril 2024 seulement. Ce chiffre, en hausse par rapport aux années précédentes, n’est que la partie visible d’un iceberg bien plus imposant. Célestin Tawamba, président du Groupement des Entreprises du Cameroun (Gecam), a souligné lors d’une conférence de presse le 18 septembre 2024 que « le Cameroun est le deuxième pays au monde pourvoyeur de main-d’œuvre au Canada, juste derrière la France ».
Un phénomène généralisé
L’émigration camerounaise ne se limite pas au Canada. Les chiffres sont tout aussi préoccupants pour d’autres destinations :
Aux États-Unis l’on compte 60 100 immigrés camerounais entre 2015 et 2019
En France, plus de 90 000 en 2022
En Belgique : 15 769 en 2022
En Espagne : 12 000 en 2022
Au total, la diaspora camerounaise représenterait plusieurs millions de personnes, une « saignée » selon les termes utilisés par de nombreux observateurs.
Pour l’économie camerounaise, cette fuite des cerveaux a des répercussions graves sur l’économie nationale :
Perte de compétences, le départ de travailleurs qualifiés, souvent formés par les entreprises locales, entraîne une perte considérable de savoir-faire.
Baisse de compétitivité, les entreprises camerounaises peinent à rester compétitives face à cette hémorragie de talents.
Difficultés financières, certaines entreprises se retrouvent à devoir assumer les dettes contractées par les employés partis subitement.
Impact sur le crédit, la récurrence des départs compromet l’accès au crédit pour les autres employés au sein des mêmes entreprises.
Causes de l’exode
Selon les experts, plusieurs facteurs expliquent cette tendance.
Il y a d’un côté, les crises multiples qui secouent le Cameroun. Le pays traverse depuis plusieurs années des crises politiques, économiques et sociales qui poussent de nombreux Camerounais à chercher des opportunités ailleurs.
C’est le cas de la crise anglophone : Depuis 2017, la situation dans les régions anglophones du pays a exacerbé le phénomène migratoire.
D’autre part, la recherche de meilleures conditions de vie. Les pays de destination offrent souvent de meilleures perspectives en termes d’emploi, d’éducation et de qualité de vie.
Un défi pour l’avenir
Face à cette situation, le Cameroun se trouve à un carrefour. Le pays doit urgemment trouver des solutions pour retenir ses talents et créer un environnement propice au retour de sa diaspora. Sans action concrète, le risque est grand de voir cette « fuite des cerveaux » compromettre durablement les perspectives de développement du pays.
Arou