Le Port Autonome de Douala (PAD), poumon économique du Cameroun et porte d’entrée maritime de l’Afrique centrale, a récemment célébré le retour en service de son atout majeur : la drague « Chantal Biya ». Cet événement marque un tournant décisif dans la quête d’autonomie et d’efficacité du port.
Outil stratégique pour le développement portuaire
Construite en 1997 par le chantier naval allemand Germersheimer Schiffswerf, la drague « Chantal Biya » est un navire spécialisé conçu pour répondre aux défis spécifiques du port de Douala-Bonabéri. Avec ses 54 mètres de long et 11,5 mètres de large, ce bâtiment impressionnant est capable d’opérer jusqu’à 12 mètres de profondeur, assurant ainsi la navigabilité du chenal d’accès au port.
Sa cale de 600 m³ lui permet d’extraire et de transporter efficacement de grandes quantités de sédiments, tandis que ses deux moteurs de 400 kW chacun lui confèrent une vitesse de croisière de 9 nœuds. Cette polyvalence technique fait de la « Chantal Biya » un outil indispensable pour l’entretien et le développement des infrastructures portuaires.
Depuis son arrivée au Cameroun, la drague a joué un rôle crucial dans plusieurs projets d’envergure, notamment l’extension des espaces portuaires de Messapresse et Essengue, ainsi que les travaux de viabilisation de la péninsule de Bakassi en 2008. Cependant, après des années de service intensif, l’usure a fini par avoir raison de ses équipements, conduisant à une immobilisation forcée de dix ans.
Cette période d’inactivité a contraint le PAD à recourir à des solutions de dragage externalisées, souvent onéreuses et moins adaptées aux besoins spécifiques du port. Cette situation a souligné l’importance stratégique de disposer d’équipements propres pour assurer l’autonomie et l’efficacité des opérations portuaires.
Symbole de résilience et d’autonomie
La récente réhabilitation de la drague « Chantal Biya », menée avec succès par les ateliers de Shipside Drydock Limited au Nigeria, marque le début d’une nouvelle ère pour le Port Autonome de Douala. Ce retour en service n’est pas seulement une victoire technique ; il symbolise la détermination du Cameroun à maîtriser ses infrastructures maritimes et à renforcer sa souveraineté dans ce domaine stratégique.
La remise en service de la drague permettra au PAD de reprendre le contrôle sur ses opérations de maintenance, réduisant ainsi sa dépendance aux prestataires extérieurs et optimisant ses coûts de fonctionnement. Cette autonomie retrouvée est cruciale pour la compétitivité du port dans un contexte régional de plus en plus concurrentiel.
Selon de nombreux experts, le retour de la « Chantal Biya » ouvre de nouvelles perspectives pour le Port Autonome de Douala. Avec cet outil performant à sa disposition, le PAD pourra non seulement assurer l’entretien régulier de ses installations mais aussi envisager de nouveaux projets d’expansion et de modernisation.
Cette renaissance technique s’inscrit dans une vision plus large de développement durable du secteur maritime camerounais. Elle démontre la capacité du pays à relever les défis technologiques et à investir dans des solutions à long terme pour son infrastructure portuaire.
PAD, la réhabilitation de la drague « Chantal Biya » représente bien plus qu’une simple remise en service d’un équipement technique. Elle incarne la volonté du Cameroun de prendre en main son destin maritime, de renforcer son autonomie portuaire et de se positionner comme un acteur incontournable du commerce maritime en Afrique centrale. C’est un pas décisif vers une gestion plus efficace, plus durable et plus souveraine des infrastructures portuaires du pays.
Armand Ougock, joindre la rédaction au 691154277