Le 24 juin 2024, à Yaoundé, lors d’une conférence de presse clôturant la 2e session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) pour l’année 2024, le gouverneur de la banque centrale des pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), Yvon Sana Bangui, a lancé un appel pressant aux autorités camerounaises pour accélérer la réhabilitation de la Société nationale de raffinage (Sonara). « Je plaide pour que la Sonara soit très rapidement restaurée », a-t-il déclaré.
Depuis l’incendie de mai 2019 qui a ravagé l’unique raffinerie de pétrole du Cameroun, le pays importe tous ses produits pétroliers finis (super, gasoil, pétrole lampant et une partie du gaz domestique). Cette situation fragilise les réserves de change de la zone Cemac, a expliqué le gouverneur de la Beac. « Aujourd’hui, tous les pays de la sous-région importent des produits pétroliers finis, ce qui fragilise notre position extérieure », a-t-il souligné.
Les réserves de change représentent les avoirs en devises des pays, et selon les accords monétaires entre les pays de la Cemac et la France, 50 % de ces avoirs sont rapatriés à la Beac, tandis que l’autre moitié est déposée dans le compte d’opérations du Trésor français. Ces réserves communes permettent aux États de la Cemac de payer leurs importations respectives de manière solidaire. Un pays peut ainsi importer davantage que ses propres réserves en utilisant celles des autres pays de la région.
La Beac projette que le volume de ces réserves atteindra 7 285 milliards de FCFA à la fin de 2024, correspondant à 4,79 mois d’importations. Le Cameroun, locomotive économique de la Cemac, fournit entre 70 et 80 % de ces avoirs en devises. Cependant, les importations massives de produits pétroliers finis depuis l’incendie de la Sonara érodent ces réserves. D’où l’urgence, selon Yvon Sana Bangui, de réhabiliter rapidement la Sonara pour relancer les activités de raffinage et réduire les importations de produits pétroliers finis, contribuant ainsi à la préservation des réserves de change.
Retards dans le début des travaux de réhabilitation
Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, avait annoncé en novembre 2021 que les travaux de réhabilitation de la Sonara, estimés à 250 milliards de FCFA, commenceraient en 2022. Cette échéance n’a pas été respectée. Lors d’une présentation devant les députés le 30 novembre 2023, Dion Nguté a déclaré que les « études Front End Engineering & Design » (études d’ingénierie incluant des aspects architecturaux) seraient réalisées en 2024 pour lancer la réhabilitation de la Sonara.
Devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale en novembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a annoncé que deux entreprises, américaine et française, ont été recrutées pour ces études et pour l’assistance à la maîtrise d’ouvrage. Le ministre n’a pas fourni de détails sur le coût des prestations ni sur le processus de sélection des entreprises.
« Suite aux instructions du président de la République, la responsabilité de conduire le projet de réhabilitation-restructuration a été confiée au directeur général de la Sonara. Un plan d’actions a été élaboré et transmis au FMI, et le cabinet d’ingénierie chargé des études et de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage a été sélectionné. Les entreprises Chemex Global LLC (américaine) et Performance Plus Innovation (française) sont les adjudicataires de ces marchés », a détaillé le ministre Eloundou Essomba lors de la défense du budget 2024 de son ministère.
Armand Ougock, 670148354
