Politique

Cameroun : L’épicerie gouvernementale de Biya, quand les ministres s’affrontent dans l’ombre d’un président fantôme

La récente correspondance du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, adressée à son homologue de la Santé publique, Manaouda Malachie, révèle un dysfonctionnement au sein du gouvernement camerounais. Cette missive, qui manque cruellement de courtoisie étale par ailleurs le manque de solidarité gouvernementale. Elle illustre parfaitement l’état de déliquescence dans lequel se trouve l’exécutif camerounais.
Dans sa correspondance Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale déplore les descentes inopinées des agents du ministère de la santé publique dans les bars et restaurants, casinos et autres lieux de loisirs pour empêcher la consommation de la chicha. Des descentes, qui de l’avis du patron de la territoriale, se font avec le concours des forces de sécurité dans les circonscriptions respectives.

Le ministre de l’Administration territoriale, rappelle à son collègue de la santé publique que les forces de l’ordre sont mises à la disposition des autorités administratives. Il affirme que les collaborateurs de Manaouda Malachie ne peuvent, pour une raison ou une autre, mobiliser ou solliciter l’appui de ces forces de maintien de l’ordre sans l’accord préalable des gouverneurs, préfets et sous-préfets.

Le Minat explique que la consommation des drogues et autres stupéfiants a déjà fait l’objet d’un examen scrupuleux lors de la conférence de gouverneurs. Des mesures idoines ont été prescrites dit Atanga Nji pour enrayer ce phénomène tout en évitant des abus.
Enfin, il lui intime l’ordre d’y mettre un terme.

Épicerie
Il est consternant de constater qu’un ministre puisse s’adresser à son collègue sur un ton aussi peu diplomatique, remettant en question non seulement les actions de ce dernier, mais aussi sa légitimité à mobiliser les forces de l’ordre. Cette situation est symptomatique d’un pays géré comme une simple épicerie, où chacun semble agir selon son bon vouloir, sans concertation ni cohérence.
Ce manque flagrant de coordination au sein du gouvernement est d’autant plus préoccupant que le président Paul Biya, âgé de 91 ans et au pouvoir depuis près de 42 ans, ne semble plus tenir fermement les rênes du pays. L’absence de conseils des ministres réguliers – le dernier remontant à février 2019 – contribue à cette cacophonie gouvernementale. Le Cameroun ressemble de plus en plus à une véritable pétaudière, où chaque ministre agit en électron libre.
Cette confrontation publique entre deux membres éminents du gouvernement n’est que la partie visible de l’iceberg. Elle révèle une profonde crise de gouvernance et un manque criant de leadership au sommet de l’État. Ces signes de fin de règne sont inquiétants pour l’avenir du pays et la stabilité de ses institutions.
Enfin, il est particulièrement troublant de noter l’incohérence dans les positions du ministre Atanga Nji. Alors qu’il demandait en 2022 une traque contre les chichas en collaboration avec les gouverneurs de régions, il critique aujourd’hui les actions menées dans ce sens par le ministère de la Santé. Cette volte-face souligne non seulement un manque d’honnêteté, mais aussi une absence totale de vision à long terme et de cohérence dans l’action gouvernementale.

Cette situation déplorable montre la nécessité d’une refonte profonde du fonctionnement de l’exécutif camerounais. Sans une véritable coordination interministérielle et un leadership fort et cohérent, le pays risque de s’enfoncer davantage dans une gouvernance chaotique, au détriment du bien-être et du développement de sa population.
Armand Ougock

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