Société

Vin de palme : “l’or blanc” qui coule à flots malgré les risques sanitaires

Dans certaines rues animées de Yaoundé, une scène familière se répète chaque jour : des groupes de personnes se rassemblent autour de vendeurs de vin de palme encore appelé (Matango), goûtant avec délectation la « liqueur blanche des tropiques » fraîchement récoltée. Cette boisson locale, tirée de la sève fermentée du palmier, connaît un regain de popularité malgré les avertissements sur les dangers potentiels des boissons artisanales.

” Je viens ici tous les soirs après le travail”, confie Paul, un habitué. ” Le dimanche je viens le matin”, ajoute-t-il. ” C’est notre tradition, et le goût est incomparable “, conclut le vendeur en magasin. Comme Paul, de plus en plus de consommateurs se tournent vers cette boisson ancestrale, attirés par son prix abordable et son caractère authentique.

Popularité malgré la hausse du prix

Cependant, la récente hausse du prix du carburant a eu des répercussions inattendues. « Le litre de vin de palme est passé de 400 à 500 FCFA », explique Marie, vendeuse depuis 15 ans. « Les coûts de transport ont augmenté, nous n’avons pas le choix », se justifie la jeune femme.

Cette augmentation n’a pas freiné l’engouement pour le précieux nectar. Au contraire, la demande semble insatiable. Dans les bars de quartier, les terrasses des maquis, et même dans certains restaurants chics, le vin de palme coule à flots.
La consommation du vin de palme connait un essor spectaculaire, défiant les mises en garde sanitaires et attirant une clientèle toujours plus nombreuse.
” C’est notre patrimoine”, affirme Paul, un client régulier. ” Nos ancêtres en buvaient déjà. C’est naturel, c’est bon pour la santé, et ça nous rappelle nos racines”, poursuit le quinquagénaire.
“Les affaires n’ont jamais été aussi bonnes”, déclare avec un large sourire Ndzana, époux de marie et vendeur de vin de palme depuis plus de 20 ans. ” Chaque jour, je vois de nouveaux visages. Les jeunes, les vieux, les femmes aussi maintenant, tout le monde en veut !”

Ndzana n’est pas peu fier de son succès. Grâce à son commerce florissant, il a pu construire une maison, acheter une moto, et surtout, offrir une éducation à ses enfants. ” Mon fils aîné est à l’université maintenant. Qui aurait cru que le vin de palme pouvait mener si loin ? ” S’exclame-t-il, les yeux brillants de fierté.
” Mes clients sont ma famille “, confie Ndzana. ” Je connais leurs histoires, leurs problèmes. Ici, autour d’une calebasse de vin de palme, les gens se parlent, s’entraident. C’est plus qu’un commerce, c’est un service à la communauté.

Même l’augmentation du prix du litre de vin de palme, n’a pas freiné l’élan des consommateurs. Ce qui inquiète les autorités sanitaires, c’est l’absence totale de contrôle sur la fabrication de cette boisson. “Nous n’avons aucun moyen de vérifier les conditions d’hygiène ou la qualité du produit”, déplore un responsable du ministère de la Santé rencontré à Yaoundé ce lundi matin.

Ces avertissements semblent avoir peu d’impact sur les consommateurs. En mars dernier, une usine de fabrication artisanale de faux vin de palme a été démantelée à Yaoundé, la capitale du Cameroun.
Mais, pour beaucoup, le vin de palme est bien plus qu’une simple boisson : c’est un lien social, un moment de partage, une affirmation identitaire.

Entre tradition et modernité, le vin de palme reste un symbole fort de la culture locale, défiant les mises en garde et les réglementations. Reste à savoir combien de temps cette situation pourra perdurer face aux enjeux de santé publique.

Armand Ougock

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