Les travaux de construction du pont métallique Acrow sur la rivière Ngoum à Kekem, dans le département du Haut-Nkam, traversent une période de paralysie qui compromet l’achèvement de cet ouvrage. Malgré un taux d’avancement de 74,40%, le chantier demeure à l’arrêt, victime de contraintes logistiques et financières majeures.
L’entreprise SOTRAM, adjudicataire de ce marché de 464,9 millions de FCFA, fait face à deux obstacles qui paralysent l’avancement des travaux. Le premier concerne l’approvisionnement en béton bitumineux 400/600, matériau indispensable à la finalisation des voies d’accès. Cette fourniture dépend entièrement des sociétés chargées des travaux routiers dans la région de l’Ouest, créant ainsi une dépendance externe qui retarde considérablement le projet.
Le second blocage est d’ordre financier : le règlement d’un décompte d’environ cent millions de FCFA s’avère nécessaire pour financer les prestations restantes. Cette situation, confirmée lors de la visite du Ministre des Travaux publics le 22 juillet 2025, illustre les difficultés de trésorerie qui affectent régulièrement les projets d’infrastructure publique au Cameroun.
Retard
Les chiffres révèlent l’ampleur du décalage temporel : au 7 août 2025, la consommation des délais atteint 234,19% pour un avancement physique de seulement 74,40%. Ce déséquilibre témoigne d’un retard considérable qui pénalise l’ensemble du projet, financé par le Budget d’Investissement Public 2023 et suivants.
Pourtant, plusieurs prestations importantes ont été réalisées : l’exécution des perrés maçonnés, la mise en place de remblais, la fabrication de deux portails métalliques et l’acheminement progressif des composants depuis la base du Matgénie à Douala. Il reste néanmoins à achever les voies d’accès sur cent mètres de part et d’autre de l’ouvrage, finaliser le hangar de stockage à Douala et procéder au montage définitif de la structure métallique.
Populations prises en otage par l’immobilisme
Cette paralysie des travaux engendre des conséquences dramatiques pour les populations locales de Kekem et des environs. La rivière Ngoum continue de constituer un obstacle à la circulation des biens et des personnes, maintenant les communautés dans l’isolement relatif qui caractérisait la situation avant le lancement du projet.
Les commerçants et transporteurs sont contraints d’emprunter des itinéraires de contournement plus longs et plus coûteux, renchérissant mécaniquement le prix des marchandises dans la zone. Les véhicules lourds, notamment ceux transportant les produits agricoles de cette région fertile, doivent faire des détours considérables pour rejoindre les axes principaux, augmentant les coûts de transport et réduisant la compétitivité des produits locaux.
Pour les populations, cette situation se traduit par des difficultés accrues d’accès aux services essentiels situés de l’autre côté de la rivière : centres de santé, établissements scolaires, marchés et services administratifs deviennent moins accessibles. Les urgences médicales posent un défi particulier, les évacuations sanitaires étant considérablement compliquées par l’absence d’infrastructure de franchissement fiable.
L’impact économique se ressent également sur les activités génératrices de revenus. Les agriculteurs peinent à écouler rapidement leur production, particulièrement les produits périssables, tandis que l’approvisionnement en intrants agricoles devient plus onéreux. Cette situation freine le développement économique local et maintient les populations dans une précarité accrue.
L’achèvement de ce pont métallique Acrow revêt une importance capitale pour l’amélioration des conditions de déplacement et la facilitation des échanges économiques dans cette partie de la région de l’Ouest. Cet ouvrage constitue un maillon essentiel du réseau de transport local et sa mise en service pourrait transformer significativement la dynamique socio-économique de la zone.
Aukmer