Le Tchad s’apprête à franchir une étape majeure dans ses relations avec la Russie en envisageant l’annulation des visas d’entrée pour les citoyens russes d’ici la fin de l’année 2024. Cette information a été communiquée par l’ambassadeur du Tchad en Russie, Adam Bashir Mahamoud, lors d’une déclaration à l’agence de presse TASS le 12 juillet 2024.
L’exemption de visa sera mise en place progressivement, commençant par les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, pour ensuite s’étendre aux titulaires de passeports ordinaires. Cette décision s’inscrit dans une volonté de faciliter les échanges bilatéraux et de renforcer la coopération dans divers domaines.
Ces dernières années, les relations tchado-russes ont connu un essor remarquable, avec une coopération accrue dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, la sécurité et l’énergie. Des visites officielles de haut niveau, dont celle du Président tchadien Mahamat Idriss Déby à Moscou en janvier 2024 et celle du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au Tchad en juin de la même année, ont consolidé ce rapprochement.
La coopération militaire et économique occupe une place prépondérante dans ces relations bilatérales, avec un soutien russe dans la lutte antiterroriste et la médiation pour la réouverture des frontières avec la Centrafrique. De plus, les échanges dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la culture se sont intensifiés, comme en témoigne l’ouverture récente d’un centre culturel russe à N’Djamena.
Les conséquences potentielles pour le Cameroun qui partagent une longue frontière avec le Tchad sont nombreuses : Risque de déstabilisation régionale : L’influence croissante de la Russie au Tchad pourrait modifier l’équilibre géopolitique dans la région, affectant potentiellement la stabilité du Cameroun, qui partage une longue frontière avec le Tchad.
Au plan sécuritaire: La présence accrue de Russes au Tchad, notamment dans le domaine militaire, pourrait avoir des répercussions sur la sécurité transfrontalière, en particulier dans la lutte contre le terrorisme dans la région du lac Tchad.
Sur le volet économique : l’on pourrait assister à l’intensification des relations économiques tchado-russes pourrait détourner certains investissements ou opportunités commerciales du Cameroun vers le Tchad.
Diplomatiquement, le Cameroun pourrait se trouver dans une position délicate, devant équilibrer ses relations avec ses partenaires occidentaux traditionnels et la présence croissante de la Russie dans la région.
Au plan migratoire : L’exemption de visa pourrait faciliter le transit de ressortissants russes via le Tchad vers le Cameroun, nécessitant une vigilance accrue aux frontières.
Mais cette exemption de visas peut déboucher sur des opportunités de coopération : Le Cameroun pourrait également bénéficier de cette situation en renforçant sa propre coopération avec la Russie ou en servant d’intermédiaire dans les relations russo-africaines.
Impact sur les ressources naturelles : La présence russe accrue dans la région pourrait influencer l’exploitation et la gestion des ressources naturelles transfrontalières, notamment dans le bassin du lac Tchad.
Ces conséquences potentielles soulignent l’importance pour le Cameroun de rester attentif à l’évolution de la situation et d’adapter sa stratégie diplomatique et sécuritaire en conséquence.
Aumer
Le Tchad supprime les visas pour les Russes : Un tournant géopolitique en Afrique centrale
