Santé

Le Cameroun à l’avant-garde de la révolution chirurgicale en Afrique centrale

À Yaoundé, l’élite médico-chirurgicale africaine réinvente l’avenir de la discipline face à une pénurie alarmante de spécialistes
Dans l’écrin feutré du prestigieux hôtel Djeuga Palace de Yaoundé, le Cameroun accueille depuis hier un événement qui pourrait redessiner l’avenir de la chirurgie dans toute l’Afrique centrale. Le 5ème congrès de la Société de Chirurgie d’Afrique Centrale (SOCAC), couplé au 2ème congrès de la Société Camerounaise de Chirurgie Digestive (SOCACHID), a ouvert ses portes ce 8 mai 2025 dans une atmosphère où l’urgence d’agir se mêle à l’espoir d’un renouveau médical.
Crise silencieuse
Les chiffres révélés lors de la cérémonie d’ouverture glacent le sang : avec seulement 0,5 chirurgien pour 100 000 habitants en Afrique centrale, la région fait face à une pénurie catastrophique de spécialistes. « Cette situation n’est pas simplement préoccupante, elle est dramatique », a martelé le Professeur Justino Obam Mve, Président de la SOCAC, devant un parterre de sommités médicales venues de toute l’Afrique.
Pour la première fois organisé au Cameroun, ce congrès s’attaque frontalement à cette crise sous le thème « Formation chirurgicale en Afrique Centrale : défis et perspectives ». L’enjeu est colossal : comment former rapidement une nouvelle génération de chirurgiens sans compromettre la qualité des soins?

Simulation médicale
« La simulation dans l’apprentissage chirurgical n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue », a affirmé avec conviction le Professeur Adama Sanou, Président de l’Association de Chirurgie d’Afrique Francophone, lors de la conférence inaugurale. Cette approche révolutionnaire permet aux futurs chirurgiens de « se former sans nuire, de répéter pour mieux retenir, de réfléchir pour mieux agir », bouleversant ainsi les paradigmes traditionnels de formation.

Le timing de cette déclaration n’est pas un hasard : la veille, un atelier pionnier de simulation s’était tenu à Mbakomo, démontrant l’engagement concret de la communauté chirurgicale à transformer la théorie en pratique.
Le pays hôte ne s’est pas contenté d’offrir un cadre prestigieux à ces délibérations. Par la voix du Professeur Louis Richard Ndjock, Secrétaire Général du Ministère de la Santé Publique, le Cameroun a réaffirmé son engagement à révolutionner la formation chirurgicale sur son territoire.
« La création du Centre National de Simulation en Santé n’est que la première étape d’une transformation profonde de notre écosystème médical », a-t-il déclaré, représentant le Dr Manaouda Malachie, Ministre de la Santé Publique. Cette infrastructure de pointe devrait permettre au pays de doubler sa capacité de formation de chirurgiens dans la prochaine décennie.

L’ampleur de la mobilisation témoigne de l’importance capitale de cet événement. Outre le Vice-Recteur de l’Université de Yaoundé 2, la cérémonie a réuni le gratin de la chirurgie africaine : François Ondo, Secrétaire Général de la SOCAC, le Professeur Arthur Essomba, président du comité d’organisation, ainsi qu’une pléiade de médecins chevronnés représentant l’ensemble du continent.

Cette concentration d’expertise n’est pas fortuite dans un pays qui accueille seulement 11 des 139 membres de la SOCAC, organisation fondée en 2012. Elle témoigne de la volonté collective de faire du Cameroun un hub d’excellence pour la formation chirurgicale dans toute la région.

Au-delà des enjeux techniques et pédagogiques, ce congrès s’inscrit dans une vision politique plus large : l’atteinte de la couverture santé universelle (CSU). « Sans une masse critique de chirurgiens qualifiés, l’accès équitable aux soins chirurgicaux restera une chimère pour des millions d’Africains », a souligné le Professeur Essomba.

Les travaux se poursuivront jusqu’au 9 mai, avec l’ambition de produire des recommandations « pragmatiques et réalistes » attendues avec impatience par le Ministère de la Santé Publique. À l’issue de ces trois journées intensives, c’est toute l’architecture de la formation chirurgicale en Afrique centrale qui pourrait être redéfinie.
Dans un continent où chaque minute compte face aux pathologies chirurgicales, cette mobilisation exceptionnelle représente bien plus qu’un simple congrès : l’espoir d’une renaissance médicale dont le Cameroun serait l’épicentre.
Marcelle Ebanda

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