Economie

Eau minérale embouteillée de Camwater, le Dr Blaise Moussa en phase avec la SND 30

Par Armand Ougock

L’initiative récente de Camwater visant à diversifier ses activités vers la production et la commercialisation d’eau minérale embouteillée suscite un débat au sein de l’opinion. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND 30) du Cameroun ? Telle est la principale question que se pose le public. Pour répondre à cette interrogation, il est nécessaire d’analyser les objectifs de cette initiative au regard des orientations stratégiques définies par le gouvernement camerounais.

Alignement avec les axes de la SND 30

D’après les informations que nous avons, plusieurs éléments de l’initiative de Camwater semblent correspondre aux axes prioritaires de la SND 30 concernant le secteur de l’eau :

1. Modernisation et diversification des activités
La SND 30 encourage la modernisation des infrastructures et la diversification des services publics. L’initiative de Camwater d’installer des lignes d’ultrafiltration et d’équipements d’embouteillage représente une démarche de modernisation technique cohérente avec cette vision. Pour une conformité optimale, elle devrait garantir que cette diversification ne compromet pas les investissements dans le service essentiel d’accès à l’eau potable, s’inscrire dans une logique collaborative avec le secteur privé, et utiliser les revenus générés pour améliorer l’accessibilité et la qualité du service d’eau de base. Ainsi équilibrée, cette initiative pourrait représenter un modèle de transformation pour les entreprises publiques camerounaises.

2. Renforcement de l’autonomie financière

Un des objectifs majeurs de la SND 30 est d’améliorer la viabilité économique des entreprises publiques. Camwater vise à « renforcer son autonomie financière » en exploitant « un segment de marché à forte valeur ajoutée », ce qui s’aligne parfaitement avec les directives gouvernementales.
D’ailleurs le Dr Blaise Moussa a reçu le quitus de la présidence de la République, avant de lancer l’initiative.

3. Couverture territoriale équilibrée

Le plan de déploiement prévoyant l’implantation d’unités de production dans les dix capitales régionales s’inscrit dans la logique de réduction des disparités territoriales. La SND 30 met l’accent sur la nécessité de réduire « le fossé entre zones urbaines et rurales » en matière d’accès à l’eau potable.

4. Complémentarité des services

Camwater précise que « l’eau distribuée via le réseau public demeure la mission fondamentale » et que l’eau embouteillée sera « un service complémentaire ». Cette approche reflète la préoccupation gouvernementale d’assurer « un accès universel et équitable à l’eau potable à un coût abordable pour tous les ménages ».

Points de vigilance par rapport à la SND 30

Néanmoins, certains aspects de l’initiative soulèvent des questions quant à sa pleine conformité avec la SND 30 :

1. Priorisation des ressources

Dans un contexte où « moins d’un ménage sur deux dispose d’un accès à l’eau potable » en milieu rural, l’allocation de ressources vers la production d’eau embouteillée, généralement considérée comme un produit premium, pourrait être perçue comme un détournement de priorités. Toutefois, il convient de souligner que le développement de l’industrie de l’eau embouteillée peut aussi générer des emplois locaux et contribuer au financement d’infrastructures hydrauliques. De plus, cette production peut répondre à une demande urbaine croissante tout en attirant des investissements susceptibles de bénéficier indirectement aux zones rurales. Par ailleurs, l’eau embouteillée peut parfois représenter une solution transitoire dans les zones où les réseaux de distribution d’eau potable sont défaillants ou inexistants. Il est donc important d’analyser cette dynamique dans une approche complémentaire, plutôt qu’opposée, aux efforts d’accès universel à l’eau potable.

2. Participation du secteur privé

La SND 30 prévoit « la création d’un environnement favorable à l’implantation d’opérateurs privés » et la mobilisation du « secteur privé de manière concurrentielle ». La Camwater va-t-elle s’inscrire dans une logique de partenariat avec le secteur privé ou de concurrence directe avec celui-ci ?

La SND 30 vise prioritairement à résoudre les problèmes de « coupures intempestives » et de « qualité de l’eau fournie », l’investissement dans une gamme de produits premium pourrait détourner l’attention et les ressources des problèmes fondamentaux d’accès à l’eau potable.

L’initiative de Camwater présente des points de convergence avec les orientations de la SND 30, notamment en termes de modernisation, d’autonomie financière et de couverture territoriale. Cependant, elle soulève également des questions importantes concernant la priorisation des ressources et l’équité d’accès.

Pour être pleinement conforme à la SND 30, cette initiative devrait :

1. Garantir que la diversification des activités ne se fait pas au détriment des investissements nécessaires pour assurer un accès équitable à l’eau potable via le réseau public

2. S’inscrire dans une démarche collaborative avec le secteur privé plutôt que concurrentielle
3. Utiliser les revenus générés par cette nouvelle activité pour améliorer la qualité et l’accessibilité du service d’eau potable de base

Si ces conditions sont respectées, l’initiative de Camwater pourrait effectivement contribuer aux objectifs de la SND 30 en combinant viabilité économique et responsabilité sociale.

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