Le 11 juillet 2024, l’Ukraine a saisi le cargo Usko MFU battant pavillon camerounais. Les autorités ukrainiennes accusent ce navire d’avoir transporté des céréales depuis la Crimée occupée par la Russie, en violation de la loi ukrainienne.
Le capitaine azerbaïdjanais et douze membres d’équipage non ukrainiens étaient à bord lors de l’arraisonnement dans les eaux roumaines du Danube. Le navire, chargé d’orge pour la Grèce, aurait effectué au moins deux escales au port de Sébastopol en Crimée depuis novembre 2023, désactivant son système de suivi AIS pour éviter la détection.
Cette saisie survient dans un contexte particulier. Trois mois plus tôt, le Cameroun avait suspendu pour six mois les immatriculations de sa flotte naviguant à l’international. Cette décision faisait suite aux préoccupations exprimées par l’Organisation maritime internationale (OMI) concernant des “navires fantômes” sous pavillon camerounais, soupçonnés d’aider la Russie à contourner les sanctions internationales sur ses exportations pétrolières.
Les soupçons de l’OMI concernant l’utilisation de “navires fantômes” pour exporter du pétrole russe au-delà du plafond de prix fixé par les pays occidentaux mettent en lumière la difficulté d’appliquer efficacement des sanctions économiques dans le domaine maritime.
Le cas du navire Usko MFU illustre comment le conflit entre la Russie et l’Ukraine affecte le commerce maritime international. L’Ukraine cherche à empêcher tout trafic commercial avec les territoires occupés, notamment la Crimée, pour maintenir une pression économique sur la Russie et affirmer sa souveraineté sur ces régions.
L’utilisation du pavillon camerounais par ce navire soulève la question des pavillons de complaisance. Ces pavillons sont souvent utilisés pour contourner des réglementations strictes ou des sanctions internationales. La décision du Cameroun de suspendre les immatriculations de sa flotte internationale montre une prise de conscience de ce problème au niveau global.
Par ailleurs, l’incident révèle les défis liés à la surveillance du trafic maritime. La désactivation du système AIS par l’Usko MFU montre comment certains navires peuvent tenter d’échapper à la détection, compliquant les efforts de contrôle des autorités maritimes internationales.
L’incident met en lumière les enjeux maritimes complexes du conflit russo-ukrainien et soulève des questions sur le contrôle des pavillons de complaisance dans le commerce maritime international.
Cette saisie pourrait avoir des répercussions diplomatiques, impliquant non seulement l’Ukraine et la Russie, mais aussi le Cameroun, la Turquie (mentionnée comme destination du navire), et potentiellement d’autres pays dont les ressortissants faisaient partie de l’équipage.
Le transport de céréales depuis des zones occupées soulève des questions sur la sécurité alimentaire et l’origine des produits agricoles sur le marché international, un sujet particulièrement sensible depuis le début du conflit en Ukraine.
Armand Ougock, 691154277