Dans le paysage médiatique camerounais, une nouvelle affaire vient raviver le débat sur la liberté de la presse. Le directeur de publication du journal Le Point Bihebdo, Thierry Patrick ONDOUA, fait l’objet d’une procédure judiciaire initiée par la ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Célestine Ketcha Courtès.
Suite à une convocation datée du 15 octobre 2024, M. ONDOUA a été placé en garde à vue le 22 octobre à la Division Régionale de la Police Judiciaire du Centre. Cette action fait suite à une plainte de la ministre pour “outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, diffamation, injures et incitation à la haine et au mépris”.
Au cœur de cette affaire se trouve un article publié dans l’édition 586 du Point Bihebdo, intitulé “Cafouillage”. Cette publication analyse la gestion de la Société Immobilière du Cameroun (SIC), notamment la gestion des camps SIC à travers le pays, soulevant des questions sur la conformité de cette gestion avec la réglementation en vigueur.
Cette situation intervient dans un contexte particulièrement sensible pour les médias camerounais, encore marqués par la disparition tragique du journaliste Martinez Zogo. Les organisations de défense de la liberté de la presse s’inquiètent de l’utilisation de procédures judiciaires pouvant être perçues comme des moyens de pression sur les médias.
Questions de gouvernance
L’affaire soulève également des questions sur les relations entre les institutions de l’État et la presse. Les observateurs notent que l’utilisation de procédures judiciaires contre des journalistes pourrait avoir un effet dissuasif sur l’investigation de sujets d’intérêt public, particulièrement dans le domaine de la gestion des entreprises publiques.
Cette affaire montre également les difficultés de la presse camerounaise dans l’exercice de sa mission d’information et les entraves à la liberté d’investigation journalistique.
La communauté journalistique nationale et internationale attend désormais avec attention l’évolution de cette procédure, qui pourrait constituer un précédent important pour l’avenir de la liberté de la presse au Cameroun.
Osiane